
Météo-France
Bilan de la saison des pluies 2024-2025
14/05/2025Cette saison des pluies a débuté par une période de sécheresse exceptionnelle, puis elle a été marquée par le passage du cyclone GARANCE. C'est la saison des pluies la plus chaude enregistrée en plus de 50 ans de relevés, bien devant les années historiquement chaudes telles que 2019 ou 2024.
Synthèse de la saison des pluies
Cette saison des pluies 2024-2025 s'achève sur un bilan de précipitations déficitaire de 28% à l'échelle de l'île. Les précipitations ont été hétérogènes et les déficits les plus importants se concentrent plutôt sur l'intérieur, Salazie, l'Est et le Nord-Est. Tandis que le Sud-Ouest et l'Ouest terminent sur un bilan plutôt neutre, même légèrement positif (excédent de 5% sur ces secteurs).
Les températures ont été exceptionnelles à tous niveaux. Ainsi cette saison des pluies a été la plus chaude enregistrée en plus de 50 ans de mesures, aussi bien en températures moyennes, qu'en températures minimales et maximales. L'anomalie par rapport aux normales est de +1.5°C pour les températures maximales ; de +1.1°C pour les minimales, de +1.3°C pour les températures moyennes. Les niveaux de chaleur de cette saison 2024-2025 sont bien supérieurs à ceux de la saison des pluies 2018-2019 ; elle-même était déjà sans commune mesure avec les températures généralement observées ces 50 dernières années.
Début de saison des pluies : de décembre à début février
Par rapport à ce qu'on observe d'habitude à La Réunion, les pluies sont arrivées très tardivement cette année.
D'ordinaire, la transition entre la saison sèche et la saison des pluies se fait plutôt en décembre. Les pluies se font de plus en plus présentes en allant vers le coeur de saison, entre janvier et mars. Les cumuls mensuels sont alors généralement plus de 5 fois supérieurs aux cumuls mensuels de coeur de saison sèche.
Or, cette année, les mois de décembre, janvier, et début février ont été exceptionnellement secs. Entre décembre et janvier, les cumuls de pluies ont été très en-deça des normales de précipitations. Décembre a enregistré un déficit de pluies de -76% à l'échelle de La Réunion ; et janvier, -75%. Janvier a d'ailleurs été le mois de janvier le plus sec enregistré en plus de 50 ans de mesures sur l'île !
Tous les secteurs ont été touchés par la sécheresse, mais certaines stations l'ont été davantage, entre décembre et janvier.
Par exemple, à St-Joseph, il n'est tombé que 12 mm pendant ces deux mois, alors que la normale est autour de 280 mm. À Pierrefonds, 4 mm en 2 mois, pour une normale autour de 150 mm. Au Port, 15 mm en 2 mois, pour une normale autour de 190 mm. À Salazie, 83 mm en 2 mois, pour une normale autour de 1000 mm...
Les effets de la sécheresse se sont fait durement sentir, aggravés par une saison sèche 2024 déjà déficitaire, surtout sur le Nord-Est.
Par ailleurs, l'absence de pluie était liée à l'absence de nuages : le soleil a brillé sans répit. À Gillot-aéroport, en janvier, les durées d'insolation ont été supérieures de 20% aux normales.
La chaleur a été inédite sur cette période, accélérant aussi l'évaporation. De fin janvier à début février, La Réunion a connu sa vague de chaleur la plus importante depuis le début des mesures, dans les années 1950. Janvier s'est hissé au deuxième rang des mois de janvier les plus chauds avec une anomalie de température moyenne de +1.1°C par rapport aux normales. Février a atteint le premier rang des mois de février les plus chauds , à +1.7°C par rapport aux normales.
Ces conditions ont été exceptionnelles.
(La sécheresse de début d'année a fait l'objet d'un article détaillé accessible en bas de page.)
Ci-dessous les rapports aux normales mensuelles d'ensoleillement à Gillot pendant cette saison des pluies.
Passage de GARANCE
Au terme d'un mois de février sec et très chaud, le cyclone GARANCE a traversé l'île le 28 février. Son passage a été très remarqué en raison des fortes rafales et des précipitations particulièrement intenses qu'il a engendrées.
L'arrosage a été copieux en particulier sur le Nord, l’Ouest, les Hauts : on a relevé plus de 500 mm dans l’intérieur de l’île, et localement plus de 200 mm sur le littoral Nord et Nord-Ouest. Sur les Hauts du Nord-Ouest, les cirques et les hautes plaines, GARANCE a apporté, en une journée, 25 à 50 % des cumuls de toute la saison des pluies.
Ces intensités exceptionnelles ont occasionné des crues et d'importants dégâts.
Mais, au-delà de l'intensité, les cumuls totaux de l'épisode n'ont pas été particuliers, par rapport à ce qu’on observe en général en cas de passage de cyclone près de l’île. En effet, la plupart des systèmes ont des dimensions et des trajectoires qui les amènent à donner des précipitations moins intenses mais plus durables, aboutissant à des bilans de cumuls plus élevés. Par exemple, BELAL, entre le 13 et le 16 janvier 2024, a apporté des cumuls de 150 à 350 mm sur le littoral Nord, Est et Sud-Est ; et de 600 à plus de 1300 mm dans l'intérieur de l'île. Plus ancien, DINA, entre le 22 et le 23 janvier 2002, a apporté de 800 à plus de 1800 mm sur l'intérieur de l'île.
La contribution de GARANCE a donc permis de terminer le mois de février sur un bilan excédentaire de 23% ; mais n'a pas forcément suffit à compenser les déficits de tous les mois précédents.
(Le cyclone GARANCE a fait l'objet d'un article détaillé accessible en bas de page.)
La fin de saison : mars et avril
Après le passage de GARANCE, les pluies se sont faites plus rares au quotidien. Mais certains passages pluvieux ont été ponctuellement copieux ; par exemple les 17 et 18 mars dans le Sud ; le 29 avril dans l'Est. Résultat, des bilans assez hétérogènes mais déficitaires dans l'ensemble. Mars a enregistré un déficit de 7%, avril un déficit de 30%.
On notera également que ces deux mois ont été exceptionnellement chauds, se hissant aux premiers rangs respectifs des mois de mars et d'avril les plus chauds en plus de 70 ans de mesures. Le mois de mars présente des températures moyennes supérieures aux normales de +1.4°C. Les températures moyennes d'avril sont supérieurs aux normales de 1.7°C.
(Ces points ont été détaillés dans les bulletins climatologiques mensuels réguliers.)