Évènements Cumul de précipitations - décembre 2024

Météo France

Chaleur et sécheresse en début d'année 2025

14/01/2025

De fortes chaleurs et un épisode de sécheresse marquent ce début d'année 2025 à La Réunion.

Fortes chaleurs observées ces derniers jours : quel contexte ?

Cette période de l'année, et le mois de janvier en particulier, est favorable à des températures élevées.

Les normales climatologiques (période 1991-2020) mensuelles pour un mois de janvier sur les stations de référence de suivi des températures à La Réunion, sont les suivantes :

  • à Pierrefonds : température maximale à 31.3°C ; minimale à 23.8°C ;
  • à Gillot : température maximale à 30.0°C ; minimale à 23.7°C ;
  • à Plaine des Cafres : température maximale à 22.5°C ; minimale à 12.8°C.

Ces derniers jours, le mercure a grimpé plus haut que ces normales, ce qui peut s'expliquer en partie en raison d'un ensoleillement excédentaire. En effet, des pressions élevées installées sur les Mascareignes limitent le développement des nuages et des précipitations, et permettent au soleil de briller plus que de coutume à cette saison. Normalement, la saison des pluies aurait déjà commencé à cette période de l'année : la nébulosité devrait être plus importante, et le vent moins sensible. Or la semaine dernière a été bien ensoleillée et chaude.

On a observé des températures particulièrement élevées :

  • à Pierrefonds : le 10/01, une température maximale à 34.0°C ; le lendemain 11 matin, une minimale à 26.3°C ;
  • à Gillot : le 10/01, une température maximale à 33.1 ; le lendemain 11 matin, une minimale à 26.5°C ;
  • à la Plaine des Cafres : le 09/01, une température maximale à 29.0°C ; le 11/01, une minimale à 16.1°C.

Soit environ 2-3°C de plus que la normale mensuelle sur les côtes, et 3 à 6°C de plus que la normale mensuelle dans les Hauts.

Pour la Plaine des Cafres, cette valeur de 29°C représente pour l'instant un record mensuel de température maximale pour un mois de janvier. La deuxième valeur la plus élevée (28°C) a été enregistrée l'année dernière, le 7 janvier.

Pour Gillot et Pierrefonds, des températures similaires, voire même supérieures, ont été relevées par le passé. À Gillot, l'année dernière par exemple, on avait enregistré une température maximale journalière de 34.9°C le 15 janvier ; cependant la valeur la plus élevée date de 1993, avec 35.2°C. Également, à Pierrefonds, le record en température maximale est pour le moment de 35.8°C et remonte au 15 janvier 2000.

En regardant sur les années passées, on constate que les mois de janvier détiennent effectivement plusieurs records de chaleur, et que nous sommes bien dans une période de l'année où les températures peuvent potentiellement grimper à des niveaux élevés.

 

Sécheressse : rétrospective sur les mois passés

La sécheresse qui touche la Réunion actuellement résulte d’un déficit de précipitations qui dure depuis déjà plusieurs mois. Si Belal et Candice en janvier dernier ont apporté une recharge abondante, la saison des pluies 2023-2024 s’est cependant achevée sur une note plus sèche, avec des mois de février, mars et avril 2024 déficitaires.

Puis la saison sèche de mai à novembre 2024 a été déficitaire d’environ -20 % par rapport aux cumuls normalement attendus à cette période. De longues périodes sèches ont été relevées au cours de ces mois d’hiver austral, ponctuées de quelques épisodes pluvieux globalement insuffisants et trop localisés. Par exemple, les déficits ont été importants sur le Nord, Salazie, l’Est et les Hauts du Nord-Est, alors que ce sont des secteurs habituellement plutôt humides…

Décembre 2024 a été particulièrement sec, au 3e rang des mois de décembre les plus secs depuis 53 ans de mesures, avec un déficit global de près de -80 % par rapport aux normales de saison. De nombreuses stations ont enregistré des records de déficits pour ce mois de décembre 2024.

Par exemple :

  • à Salazie on a relevé à peine 16 mm mensuels, contre une normale mensuelle à 281 mm ;
  • à Ilet-à-Cordes dans le cirque de Cilaos, on a relevé 4 mm contre 107 mm habituellement ;
  • au Chaudron, 8 mm contre 150 mm normalement pour un mois de décembre ;
  • à Takamaka, 85 mm contre 611 mm habituellement ;
  • à Pont Mathurin, il n’est pas tombé une goutte de tout le mois de décembre.

Janvier 2025 poursuit la même tendance, toujours très sec. Avec les maigres précipitations de ce début d’année, La Réunion n’a même pas encore collecté 10 % de la normale d’un mois de janvier.

À quoi s’attendre pour les prochains jours ?

De façon cohérente avec la climatologie, on peut s'attendre à avoir encore des journées bien chaudes et sèches dans les semaines à venir. Les conditions sèches qui nous concernent actuellement et favorisent un ensoleillement plus fort que la normale - en particulier dans les Hauts - se maintiennent encore au moins jusqu'en fin du mois.

À des échéances un peu plus lointaines, on s'attend à l'arrivée d'un temps plus classique de saison des pluies.

Qu'anticiper pour le futur, au regard du changement climatique ?

Les projections liées au changement climatique permettent d'établir une solide tendance au réchauffement. Le changement est déjà en cours et s'observe sur les années passées : depuis 55 ans de mesures à La Réunion, on a observé une augmentation de température moyenne de +0.9°C, soit 0.18°C par décennie. La température moyenne va continuer à grimper : d'ici la fin de siècle, les estimations varient entre +1 et +4°C supplémentaires selon le scénario d'émissions de gaz à effet de serre choisi (du plus optimiste au plus pessimiste).

Les fortes chaleurs seront amenées à devenir bien plus fréquentes. Le nombre de jours chauds et de nuits chaudes a déjà augmenté significativement : dans les années 1980-2010, on ne dépassait les 31°C qu'une quinzaine de jours dans l'année. Sur les 10 dernières années, le seuil de 31°C a été dépassé plus de 35 jours par an en moyenne. Et d'ici la fin de siècle, ce nombre de jours chauds sera encore plus élevé : selon les scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, les jours à plus de 31°C représenteront entre 2 et 6 mois de l'année.

Quant à la ressource en eau, les observations passées montrent des évolutions peu significatives de la moyenne annuelle de précipitations sur les dernières décennies à La Réunion, sauf ponctuellement dans le sud-ouest où on a enregistré une baisse de -35 % en 60 ans de mesures. Les projections pour la fin de siècle permettent de dégager une tendance à la baisse globale de l’ordre de -5 à -10 % sur l’année. En particulier, on prévoit pour l’avenir des saisons sèches qui durent plus longtemps, de façon semblable à ce qui se produit cette année.

De plus, il est prévu que le cycle de l’eau devienne plus irrégulier. C’est-à-dire que des périodes très sèches pourront succéder à des épisodes très pluvieux, avec des extrêmes plus marqués. Ce type de schéma serait défavorable à la recharge régulière des réservoirs d’eau souterrains et de surface, et mettrait en tension l’usage de ces eaux pour les activités humaines et l’équilibre des écosystèmes.