Tout savoir Risque de vagues-submersion

Météo-France

La Vigilance météorologique : 20 ans d’évolutions continues

05/07/2022

Sous l'effet du changement climatique, la majeure partie des événements extrêmes augmentent en fréquence et/ou en intensité. Selon l'Organisation Météorologique Mondiale, le nombre de catastrophes d'origine météorologique, climatique ou hydrologique a été multiplié par 5 entre 1970 et 2019. Sur la même période, on observe 3 fois moins de décès grâce aux dispositifs d'avertissement précoce et à la gestion des catastrophes. Leur coût en France pourrait dépasser 2 milliards d'euros par an d'ici à 2050, selon l'étude menée en 2018 par la Caisse centrale de réassurance et Météo-France.

La Vigilance météorologique à La Réunion

Le dispositif de la Vigilance météorologique a été mis en place en 2007 à La Réunion suite à l'épisode mémorable de forte houle australe du 13 mai 2007, qui avait occasionné dans le Sud de l'île des scènes de désolation, et fait deux victimes. Complémentaire du dispositif de l'alerte cyclonique, qui a façonné la culture du risque des habitants du territoire, la vigilance météorologique était initialement un dispositif à deux niveaux (« pas de vigilance » ou « vigilance »). C'est en 2014 qu'a été introduit un niveau supplémentaire, la « vigilance renforcée », l'équivalent d'une vigilance rouge sur les autres territoires français.

Depuis cette date, plusieurs épisodes mémorables de fortes pluies ou de vagues-submersion ont nécessité l’activation de ce niveau maximal de vigilance.

C'est à l'occasion du passage de la tempête tropicale modérée Haliba à proximité de La Réunion en mars 2015 que la vigilance renforcée a été étrennée. La tempête a fait de nombreux dégâts, générant des inondations et des éboulements de grande ampleur dans plusieurs secteurs de l'île. Près de 900 mm en 24h ont alors été relevés à Salazie. Le passage du cyclone Berguitta, en janvier 2018, reste également un évènement mémorable associé au déclenchement d'une vigilance renforcée sur plusieurs secteurs de l'île. Le transit de Berguitta, au stade alors de tempête tropicale modérée au moment du passage au plus proche de l'île, a engendré un épisode de fortes pluies de grande ampleur du 11 au 18 janvier 2018. Sur l'ensemble de l'épisode, 1862 mm ont été relevés dans le sud-ouest de l'île (dont 850 mm en 24h), pulvérisant ainsi le précédent record sur 8 jours datant du passage du cyclone Hyacinthe (1980). Les intensités maximales ont été observées lors de la journée du 18/1 sur la moitié Sud de l'île, sur des sols déjà saturés en eau qui ne pouvaient dès lors plus rien absorber. La réaction des ravines et cours d’eau a été spectaculaire. Rapidement transformés en torrents furieux et boueux, les différents cours d’eau et ravines de la région sont temporairement sortis de leur lit, menaçant certaines habitations.

En 2022 trois épisodes de forte houle ont nécessité un passage en vigilance renforcée pour le phénomène vagues-submersion. Le dernier épisode en date est très récent, avec l’activation d’une vigilance renforcée sur le littoral sud de l’île, de la pointe des aigrettes à la pointe de la table, lors du très sévère épisode de houle australe du 29 juin 2022. Lors de cet épisode des vagues maximales de 10 à 12 mètres ont déferlé sur le sud de l’île, occasionnant des dégâts importants sur la façade littorale des communes de Saint-Philippe, Saint-Joseph, Saint-Pierre, Saint-Louis et l’Étang Salé.

L’évolution vers un dispositif à 4 couleurs à compter de juin 2022 permettra à la fois une meilleure gradation des messages, une meilleure communication sur le niveau de risque à travers un code couleur facilitant son appropriation et la convergence vers les dispositifs existant en métropole et sur les autres territoires ultramarins.

Le saviez-vous ?

Les risques météorologiques à La Réunion ne se limitent pas aux phénomènes cycloniques.

Les fortes pluies/orages, les vents forts ou les submersions marines peuvent survenir indépendamment les uns des autres, en liaison ou non avec un système dépressionnaire tropical (dépression, tempête ou cyclone), de manière localisée ou étendue à l’ensemble de l’île.

Pluies diluviennes

Les pluies records de l’île de La Réunion figurent souvent parmi les pluies les plus intenses enregistrées dans le monde. L’île détient la plupart des records mondiaux en matière de pluviométrie pour les pas de temps compris entre 12 heures et 15 jours.

Les pluies les plus intenses sont souvent enregistrées lors d’épisodes pluvio-orageux comme en février 1998 dans le cirque de Salazie. L’ épisode des 27 au 29 août 2021, en plein hiver austral, a ainsi occasionné de très forts cumuls de précipitations sur les pentes Sud Est du Volcan, avec plus de 800 millimètres de pluie sur les Hauts de Saint-Philippe. L’épisode pluvio-orageux du 1er au 3 avril 2022 à Salazie a été lui aussi remarquable, dans un contexte caractérisé par une masse d’air humide surplombée d’air froid, qui a généré plus de 800 millimètres  de pluie en 3 jours sur la zone de Salazie. Les dégâts ont été importants, avec des coulées de boues, des éboulis et des rivières qui se sont transformées en torrents

Pour les pas de temps au-delà de 12 heures, ce sont les pluies d’origine cyclonique qui apportent les plus grandes lames d’eau, en particulier dans les hauts, comme en février 2007 avec le passage de Gamède à proximité de La Réunion. Gamède a totalisé 4 936 mm en 4 jours : cela représente 7 années et demie de pluies sur Paris ! (sur la base d’une moyenne annuelle de 650 mm).

Orages et foudre

Les éclairs produisent une intense décharge électrique et une énorme quantité de chaleur (température pouvant atteindre 2 à 5 fois celle du soleil). Le tonnerre est créé par la dilatation de l’air chauffé par l’éclair, qui se détend si brutalement qu’il dépasse le mur du son. La foudre peut calciner un arbre, mettre le feu à un bâtiment ou encore causer des lésions très graves, à des hommes ou des animaux.

La foudre frappe de préférence les objets proéminents ou pointus (arbre, antenne), ainsi que les matériaux conducteurs (eau, métal). Les dégâts sont le plus souvent indirects : variations brutales de tension détruisant télévisions, ordinateurs.

Vents violents

Un homme adulte mesurant 1,80 m et pesant 85 kg ne peut rester debout dans une rafale de vent de 120 km/h. Le vent peut briser des arbres ou les déraciner dès que sa vitesse atteint les 100 km/h.  Au cœur d’un cyclone, les rafales dépassent les 150 km/h. À La Réunion, la plus puissante rafale mesurée atteignait les 277 km/h (au Piton Maïdo lors du passage de Dina en 2002).

Vagues-submersion

Les vagues-submersion sont liées à une forte élévation du niveau de la mer et au déferlement des vagues à la côte. À La Réunion les vagues liées aux fortes houles sont surtout d’origine cyclonique ou polaire. La houle cyclonique touche le plus souvent les côtes Nord et Est de l’île. Les houles australes frappent le plus souvent les côtes Sud et Ouest de l’île, généralement au cours de l’hiver. La hauteur significative de la houle correspond à la moyenne du tiers des vagues les plus hautes. Elle est proche de la hauteur intuitive visuellement estimée par les marins. Mais les vagues les plus hautes peuvent atteindre deux fois cette hauteur.

Les submersions marines touchent les voies de communication, les habitations, les zones d'activités qui sont susceptibles d’être inondées et endommagées rapidement. À proximité des embouchures, l'écoulement des cours d’eau peut être ralenti, voire stoppé, ce qui génère des débordements, comme cela peut être le cas pour l’Étang Saint-Paul.