Prévisions saisonnières Prévision saisonnière d’activité cyclonique  dans le Sud-Ouest de l’océan Indien : Saison 2022-2023

Météo-France

Prévision saisonnière d’activité cyclonique  dans le Sud-Ouest de l’océan Indien : Saison 2022-2023

28/10/2022

La saison cyclonique 2022-2023 devrait être caractérisée par une activité plutôt inférieure à la normale à l’échelle du bassin cyclonique du Sud-Ouest de l'océan Indien . Cette saison pourrait donc connaître au total entre 6 et 10 systèmes (tempêtes et cyclones), avec 3 à 5 d’entre eux atteignant le stade de cyclone tropical. On s’attend à ce que la saison s’organise en 2 temps : une première partie de saison où l’activité cyclonique va principalement rester loin des terres habitées avant de réussir à se développer dans un second temps à proximité des terres habitées.

La saison cyclonique 2022-2023 a commencé de façon précoce dans notre bassin cyclonique puisque 2 tempêtes tropicales modérées se sont déjà développées : ASHLEY fin septembre puis BALITA début octobre (occurrence rare mais non inédite !). Pour autant, nous ne pensons pas que cela augure d’une activité perturbée durablement intense sur l’ensemble de la saison : nous estimons en effet qu’il y a une probabilité de 60% de connaître une activité inférieure à la normale, une probabilité de 30% pour que l'activité cyclonique soit proche de la normale et une probabilité de seulement 10% pour que l’activité soit supérieure à la normale. On s'attend à avoir au final 6 à 10 phénomènes cycloniques (soit 4 à 8 tempêtes et cyclones de plus) sur le Sud-Ouest de l'océan Indien (normale à 10), dont 3 à 5 deviennent des cyclones tropicaux (normale à 5).

Prévision d'activité cyclonique sur le Sud-Ouest de l'océan Indien : saison 2022-2023

Le contexte de grande échelle de cette saison va être piloté par un phénomène La Nina prévu décliner début 2023 et une phase positive du Dipôle Subtropical de l’Océan Indien qui est en train de se mettre en place actuellement. Dans ce contexte, l’activité cyclonique va continuer de principalement se développer loin des terres habitées durant la première partie de saison (de novembre à janvier). Un changement de régime est attendu en seconde partie de saison (de janvier à avril) où l’activité devrait réussir à se développer un peu plus à proximité des terres habitées. Madagascar (aussi bien côtes Est que Ouest) et le Mozambique pourraient alors connaître un risque d’impact plus important que la normale sans pour autant être exclu sur les Mascareignes.

Répartition activité cyclonique pour la première et la deuxième partie de saison 2022-2023

Dans ce contexte, il convient de mettre en œuvre dès à présent et comme chaque année, les précautions d’usage de début de saison cyclonique. Rappelons que pour un endroit donné, il suffit d’un seul système pour connaître un impact pouvant être catastrophique.

 

Contexte de grande échelle attendu sur le bassin pour l'été 2022-2023

Au niveau global, les conditions La Nina maintenant en place depuis 2 ans sont prévues décliner lentement au cours de l’été austral pour revenir au neutre vraisemblablement sur la seconde partie de l’été (sur le trimestre février-avril). Au niveau régional, 2 phénomènes sont en place ou en cours de développement dans l’océan Indien : une phase très négative du Dipôle de l’Océan Indien (DOI) installée depuis l’hiver austral et une phase positive du Dipole Subtropical de l’Océan Indien (DSOI) montant en puissance. Si le DOI influence encore l’activité cyclonique en ce début de saison, il devrait graduellement s’estomper avec la bascule vers l’été austral. Pour le DSOI, une phase positive pleinement établie va vraisemblablement se mettre en place d’ici la fin de l’année. C’est donc une combinaison La Nina déclinante et phase positive du DSOI qui devrait constituer le paysage de fond de cette saison cyclonique.

Représentation schématique d’un épisode DSOI positif à partir d’une analyse composite d’anomalie de température de surface de la mer (SST)

Dans ce contexte, quelle réponse attendre de l’activité cyclonique sur le Sud-Ouest de l’Océan Indien ?

La phase positive du DSOI se caractérise, au niveau atmosphérique, par le développement de conditions environnementales défavorables à la formation des phénomènes cycloniques sur l’océan Indien central (principalement entre 60°E et 80°E qui comprend notamment l’archipel des Chagos) : contenu énergétique océanique moindre, air sec amené des régions subtropicales par des alizés de Sud-Est persistants et flux de mousson atténué. L’occurrence de ces conditions hostiles sur une portion significative de la zone principale de développement du bassin, a tendance à tirer vers le bas le niveau global de l’activité de la saison cyclonique. Couplé à La Nina, le constat est encore plus vrai avec des saisons cycloniques au niveau d’activité remarquablement bas (1998-1999, 2010-2011). Toutefois le déclin envisagé de La Nina laisse à penser que nous ne serons pas forcément dans ce cas de figure cette année.

Historiquement, on note une temporalité de la saison assez nette dans ce genre de contexte avec une première partie de saison où l’activité perturbée est majoritairement cantonnée sur l’extrême Est du bassin alors qu’elle est réduite (mais pas forcément nulle !) sur la partie Ouest. En seconde partie de saison (à partir du mois de janvier environ), l’activité cyclonique pourrait se développer sur l’extrême Ouest du bassin (à l’ouest de 60°E) à la fois dans le canal du Mozambique qui connaît des eaux plus chaudes que la normale dans sa partie Sud mais aussi à l’Est de Madagascar et au Nord des Mascareignes.

En ce qui concerne les types de trajectoires, si les conditions La Nina tendent en principe à favoriser les trajectoires à caractère zonal ou parabolique, cette tendance devrait être fortement contrariée par la présence d’air sec sur la partie centrale du bassin (DSOI positif), limitant la possibilité de voir se développer des trajectoires durablement zonales comme on a pu en avoir avec BATSIRAI ou EMNATI lors de la saison passée. En revanche, les systèmes qui parviendront à se former au nord de l’Archipel des Mascareignes en deuxième partie de saison devraient, de manière privilégiée, être marqués d’une composante est-ouest pouvant les rapprocher de Madagascar, voir les faire évoluer jusque dans le canal du Mozambique. Dans la partie centrale du bassin (entre 50°E et 70°E), les trajectoires à forte composante méridienne devraient être défavorisées.

Compte tenu de tous ces éléments, Madagascar et le Mozambique apparaissent encore une fois dans un contexte propice aux impacts cycloniques. Toutefois on peut espérer que l’activité cyclonique globalement réduite attendue pourrait limiter la récurrence des impacts.

 

Eléments méthodologiques

La présente prévision est basée sur une approche statistico-dynamique qui a permis, dans un premier temps et sur une période d’apprentissage de plusieurs saisons cycloniques, d’identifier les modes de variabilité de certains paramètres de grande échelle (températures de surface de la mer, composante zonale du vent à environ 1500 m d'altitude et composante zonale du vent en haute altitude) les mieux corrélés aux paramètres descriptifs de l’activité d’une saison cyclonique (nombre de phénomènes, nombre de jours de tempêtes et cyclones, anomalie de longitude de genèse, anomalies zonale et méridienne de déplacement, typologie privilégiée de trajectoires).

Dans un second temps, nous avons utilisé les prévisions ensemblistes des modèles de climat français et européen, en nous appuyant sur les paramètres prévus de grande échelle cités précédemment, afin de déterminer les paramètres prévus de l’activité cyclonique de la prochaine saison, par utilisation des relations statistiques établies lors de la période d’apprentissage. L’évaluation de la qualité de ce modèle pour chacun des paramètres de grande échelle mis en entrée sur les saisons précédentes, montre que ses performances sont les meilleures en utilisant la température de surface de la mer (paramètre le mieux prévu par les modèles de climat), la composante zonale du vent à 1500 m et - mais dans une moindre mesure - la composante zonale du vent en très haute altitude.

Nous avons complété cette approche cette année par des analyses en composites et analogues sur la période 1985-2022 pour mieux décrire la réponse de l’activité cyclonique du bassin face aux forçages de grande échelle (ENSO, DOI, DSOI).

Cette prévision a aussi été comparée à l’approche dynamique qui consiste à « compter » directement le nombre et la répartition géographique des phénomènes cycloniques tels que simulés par le modèle de climat du Centre européen.

 

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